BATOLABO

 

Originaire de Tours, BatoLabo est un projet de navigation artistique et scientifique sur les fleuves, les rivières et les canaux d’Europe – de la Loire au delta du Danube – à bord d’un chaland de Loire, de septembre 2025 à septembre 2026.

Fort.e.s de notre propre expérience en Loire, notre objectif est de créer des passerelles culturelles entre les cours d’eau du continent en réunissant, à quai et à bord, des artistes, des scientifiques, des habitant·e·s des rivières, ce dans le but d’œuvrer à la défense des socio-écosystèmes fluviaux.

Les dimensions artistique et scientifique du projet, en dialogue étroit, permettent de documenter, traduire et colporter les récits des communautés fluviales rencontrées sur le parcours. Elles visent à la création conjointe de récits transformateurs, témoins et fers de lance d’une plus grande justice sociale et environnementale, où les autres qu’humains ont également une place.

BatoLabo s’inscrit dans un tournant éco-politique qui vise à fournir un outillage à celles et ceux qui revendiquent de nouvelles formes de responsabilité et de solidarité avec le vivant.
Ainsi, la perspective d’attribuer la personnalité juridique à d’autres qu’humains fera l’objet de débats et de propositions artistiques lors de ce voyage, avec en fil rouge la collecte de signatures pour l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) des droits de la nature.

L'équipage
PRESSE

NAVIGUER A L’INTERIEUR DU CONTINENT

Le départ aura lieu en septembre 2025. Après la participation à deux temps forts du patrimoine nautique vivant que sont la Grande Remontée et le Festival de Loire, le bateau naviguera vers Paris, où il sera au cœur d’un événement co-organisé par BatoLabo, l’Odyssée – Seine et le réseau des MSH. En novembre 2025, il fera halte à Strasbourg pour un hivernage, accueilli notamment par la Haute École des Arts du Rhin (HEAR) et la MISHA (Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme – Alsace).

À compter d’avril 2026, BatoLabo parcourra les eaux intérieures de l’Europe jusqu’au delta du Danube, en Roumanie, où l’arrivée est prévue en septembre 2026.

AUTOUR DE L’EAU DOUCE

Un bouillonnement artistique, scientifique et citoyen

L’eau douce cristallise de nombreux enjeux écologiques et géo-politiques actuels.

Elle est au cœur des préoccupations des territoires. La rivière témoigne des activités humaines de son bassin versant, en reflète les dysfonctionnements. Elle concentre de multiples attentions et cristallise parfois des tensions, aussi bien aux échelles locales que internationales.

L’eau douce est au centre des questionnements sur l’adaptation des sociétés au dérèglement climatique. En tant que milieu de vie, elle est un marqueur de l’anthropocène, tant du point de vue ichtyologique que géohistoirique. Des projets aussi variés que les programmes scientifiques européens Water4All, ou français One Water – Eau Bien Commun ; des expéditions de cartographie de la biodiversité telles que Loire Sentinelle ou l’Europe à la rame ; des projets de navigation artistique tels que Danubia – Miroir des eaux , ou les plaidoyers pour le droit à la baignade de l’European River Network, attestent des multiples façons de se saisir de ces enjeux, à différentes échelles.

Pour se situer dans ce paysage d’initiatives, BatoLabo entend formuler une approche originale qui prolonge ces thèmes communs de préoccupations dans d’autres lieux, l’Europe centrale et orientale, tout en élargissant leurs champs de considération à d’autres domaines, les droits de la nature, notamment grâce au dialogue entre sciences sociales et art vivant.

PARTIR DE LOIRE

Nous venons de la Loire. Comme tous les fleuves, ses rives sont parmi les endroits les plus propices à l’installation des communautés humaines. Au fil des siècles, les usages de l’eau et des sédiments qu’elle charrie se sont multipliés. Le fleuve est un miroir de notre rapport au monde et de ses évolutions : il est le théâtre de pratiques, d’usages, d’activités qui se transforment, se perdent, et d’autres qui émergent.

La Loire est en ce sens le témoin d’un fragment de notre histoire, de politiques d’aménagement, de luttes écologistes. Elle revêt une dimension symbolique caractérisée, entre autres, par le réensauvagement, l’extraction du sable, la patrimonialisation, les aménagements du lit. C’est dans ce contexte qu’à l’instar d’autres communautés fluviales, des habitant·es ligérien·nes déploient des initiatives qui résistent au front de modernisation, à l’assèchement structurel causé par l’accélération artificielle, aux aménagements qui corsètent les rivières et qui (re)questionnent les fondements moraux et politiques des manières de vivre au sein d’un territoire

Manifestes, Déclaration des Droits de Loire, inscription des paysages culturels à l’UNESCO, documentation des savoirs nautiques ligériens, retour de la baignade, luttes écologistes… À travers ces différentes manières d’exister, le fleuve refuse la mise au travail par la logique extractiviste qui caractérise les rapports modernes à l’environnement, réduisant les cours d’eau à des machines productrices d’énergie, au mépris des limites et des équilibres du vivant.

DOCUMENTER LES ATTACHEMENTS

« Peuvent-être porte-parole ceux et celles qui s’effondrent si un non humain s’effondre […] C’est en somme le fait d’être co-affectés, affectés en commun avec le fleuve par la mise à mal des attachements réciproques, qui devient le critère de légitimité autorisant à parler pour ceux qui ne peuvent pas siéger à côté des humains dans l’enceinte d’un parlement ou d’un tribunal. »

Bruno Latour

Quels sont ces affects, comment se fondent-ils et qu’est-ce qui constituent des attachements réciproques ? Nous partons du postulat que, sur tout le parcours de notre voyage, les initiatives citoyennes pour la protection du vivant liées aux cours d’eau se fondent notamment sur des liens tissés entre les habitant·es humains et autres qu’humains de ces (mi)lieux.

Nous rassemblons sous le terme d’affects les aspects pluriels de nos liens avec les cours d’eau : qu’ils soient visuels, auditifs, olfactifs, sensoriels d’une manière générale, et qui passent également par nos habitudes, nos souvenirs, nos héritages et nos manières d’habiter.

Or ces affects s’établissent selon des modalités culturelles multiples, qui peuvent varier selon l’histoire des populations, et leurs rapports intimes et politiques aux fleuves. Depuis la Loire jusqu’au Danube, ils s’expriment de mille manières, dans des langues étrangères les unes aux autres.

 

TISSER UN RESEAU DE SOLIDARITE

Si l’on veut pouvoir créer des passerelles entre ces initiatives citoyennes qui militent pour un nouveau rapport aux cours d’eau, il est donc nécessaire de documenter ces affects et de les colporter. C’est bien ce que nous nous proposons de faire : documenter, traduire, colporter, en ayant recours à des méthodes scientifiques et artistiques.

Traversant plusieurs pays, l’équipage de BatoLabo entend documenter les rapports des populations riveraines aux cours d’eau. Notre but est d’agréger les affects, de leur attribuer du crédit, de les remettre au centre du jeu éco-citoyen. L’approche anthropologique et la démarche artistique du théâtre sensoriel fournissent des méthodes complémentaires pour la collecte des affects. L’équipe pluridisciplinaire animera des ateliers collaboratifs, mêlant collecte de données et réflexions esthétiques, dans le but de créer des récits à partager avec les habitant·es.

Des résidences de recherche embarquées se dérouleront tout au long du voyage afin que des artistes et des scientifiques puissent partager leurs travaux et instaurer un dialogue entre leurs pratiques et leurs recherches mutuelles.

Qui est chercheur·euse ?

Dans notre démarche, le terme de chercheur·euse n’est pas automatiquement associé à la recherche scientifique. Dans la mesure où ce ne sont pas uniquement les scientifiques embarqué·es qui prennent une posture de recherche, mais que celle-ci se fait également sur les plans artistiques, de la navigation, de l’expérience des sens, par les habitant·es elles-mêmes et eux-mêmes. C’est donc une forme de recherche holistique que le projet défend. Ces différents modes d’appréhension du réel doivent permettre de relater et de transmettre, dans des langages différents, y compris non verbaux ou supra-verbaux, les éléments collectés lors des enquêtes et des résidences, et ainsi contourner la barrière de la langue, que le flot aquatique délie.

De cette manière, un chaland convoie à travers l’Europe des imaginaires, des récits et des pratiques, élaborés avec des personnes concernées par des situations semblables sur le continent, de manière à construire un réseau de solidarité qui pourra retentir lors d’événements futurs et soutenir l’Initiative Citoyenne Européenne pour la reconnaissance des droits de la nature.

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